M. et Mmes les décideurs du village...

Publié le par Mamanie

Souvenirs tenaces

... J'ai douze ans, juchée sur ma bicyclette bleue, à panier, que mes parents m'ont offerte pour mon anniversaire, je longe le calvaire, tourne autour du Monument aux Morts et redescends doucement le bourg, le nez au vent, attentive aux lieux, aux personnes, aux odeurs.

J'aime bien l'église et son odeur de moisi... Je ne la fréquente pas, je viens juste chercher mes copines à la sortie de la messe le dimanche matin...

Ainsi, je passe à droite, devant la boutique de G., où mon père vient acheter son tabac et quelques objets pour la pêche et d'autres produits, car elle est épicière. Deux maisons plus bas, le quincaillier offre un choix d'outils et de matériels très impressionnants. "On trouve de tout à la Samaritaine" dit-on. C'est la même chose chez M. G ! A côté, une auberge : "Le lion d'or" tenue par M. et Mme L. (si mes souvenirs sont bons) ; puis devenue un petit café et son bureau de tabac exploité par Mireille. Il fait le coin de la place. Sur celle-ci, un cabinet de médecin et sa petite pharmacie reçoit ses patients. Sur le trottoir d'en face, le notaire qui est aussi le maire et un peu plus bas le vétérinaire ; entre les deux, une boulangerie qui offre aux regards, ses pains ronds, moulés, tout chauds et ses pâtisseries à faire saliver...

Sur le même trottoir, une charcuterie, devanture en coin, car la rue se forme en goulet, étale ses pâtés et ses volailles ; juste à côté, est domicilié le père D., garagiste  et en face, son garage recèle des voitures en réparation... Lui faisant face, le troquet de Mme M., où les hommes aiment s'arrêter le jour de la messe et les jeunes jouer au billard...

Quelques mètres plus bas, un magasin d'alimentation, sur la place de la mairie occupée par M. et Mme F. ; puis la mercerie-papeterie, nommée "Le bon accueil", tenue par M. et Mme H., où nous achetons des crayons, cahiers et autres babioles pour le plaisir ou se distraire, mais aussi des bijoux pour les grandes occcasions, ainsi que de la laine pour tricoter les jours de pluie, des gilets pour mes poupées.

En longeant le trottoir, une boutique d'alimentation. La maison G. qui sent bon le café, le poivre et les épices, les bonbons et sucettes rangés dans des bocaux en verre ; c'est la commerçante que je préfère car elle est très gentille. Quand je suis arrivée pour la première fois à Mauves, j'avais 5 ans, c'était la guerre et j'étais malade. Mon père était prisonnier et maman appréciait beaucoup la gentillesse mais aussi la largesse de cette dame pendant cette période difficile. Juste à côté, un magasin d'électricité ; en face une boucherie... Sur sa droite, un marchand d'immobilier. En traversant la rue, se trouve une autre boulangerie avec comme voisin un coiffeur. Sur la place à droite en descendant, une autre épicerie où l'on trouve de tout et qui sent les fruits confits, le hareng saur et le fromage...

Plus bas, sur le même trottoir, un café, celui de la mère F... Merveilleuse grand-mère qui veille sereinement à la tenue de son lieu, malgré la fréquentation des jeunes de Mauves, un peu bougeant (dont je suis !) qui fréquentent son café billard, après la baignade...

A côté, un autre magasin d'alimentation devenu ensuite une boucherie... Un peu plus bas, le bourrelier et un salon de coiffure tenu par M. et M. R.

Sur le trottoir d'en face, sont alignées des charrettes, qui attendent d'être réparées par le charron.

Dans le bas du bourg, sur la gauche, un petit cordonnier tient son échoppe. Puis vient l'usine où l'on fabrique des coupeuses de bois (?).

Et, à la sortie du bourg, le charmant pont Catinat (1610) enjambant de ses arches l'un des bras de l'Huisne sur laquelle, nous faisons de la barque en longeant les lavoirs privés des maisons du bourg...

Je ne parle pas de la poste qui a changé plusieurs fois de lieu, des écoles de filles et de garçons, du lavoir qui accueille les femmes, leur linge et leurs carrosses, des carrioles sur les trottoirs, des tas de pommes fin septembre et de la pompe à eau que je manipule quand j'ai soif ! Me faisant gronder par les adultes, car "il faut prendre garde à l'eau, c'est précieux, l'été !".

Tout en roulant je m'imagine l'intérieur des maisons dans lesquelles, j'entre ou suis entrée soit pour y passer des vacances soit parce j'y ai des copines ou des copains avec qui je partage mes jeux...

Il est vivant le village, tout le monde se connaît, se salue, bavarde... Nous gronde aussi, lorsque nous dépassons les bornes de la politesse.

Des femmes auprès de leurs portes percheronnes, à moitié ouvertes, incitent les visiteurs de finir d'entrée. "Finissez donc d'entrer", disent-elles. Cette expression me plaît bien. C'est la preuve que l'on est adoptée...

Et puis, les odeurs, des jardins fleuris, les géraniums dégringolant les fenêtres, les bêtes rentrant le soir des champs titillent les narines. Les charrettes à foin, qui descendent en cahotant le bourg...

 

Mais, mais... Ce n'était qu'un rêve ! Le réveil est un cauchemar !

 

Et oui, je n'ai plus douze ans ! Il s'en est passé du temps et de l'eau sous le pont Catinat... Mais ce n'est pas cela le plus grave. Car chaque âge a ses plaisirs et ses contraintes.

Bigre, j'en ai passé des bons moments, ici dans ce village que je nommais ma patrie d'adoption... J'avais toujours pensé qu'après une vie de labeur et bien remplie en région parisienne, je ferais comme mes parents et prendrais ma retraite pour vivre la fin de ma vie à la Boisardière.

Aujourd'hui, je suis Malvaisienne. Je me suis toujours sentie Malvaisienne...

Mais j'ai des doutes. Ce qui me choque et me rend triste c'est que par la volonté de certains, nos petits villages se meurent !

Ainsi, Mauves en prend le chemin et devient vidé de son âme.

C'est vrai, les grandes surfaces ont fait du tort à nos villages.

Toutes ces maisons à vendre... Qui d'ailleurs ont du mal à trouver un acquéreur. Peut être devrait-on se poser la question pourquoi ? Et puis, pourvu qu'on ne perde pas l'école ! Car un village sans école... "Ben dame, c'est point bon !"

Alors, Mesdames et Messieurs les décideurs, qu'attendez-vous pour relancer le commerce local ? Qu'avez-vous prévu à cet effet pour vos concitoyens, pour vos commerçants qui crèvent la bouche ouverte ?

Pour quelles raisons, nous n'avons pas d'informations à ce sujet ? A part les rumeurs qui circulent  (dont je me fiche)...

A part cette mauvaise affiche estampillée "la poste" qui propose un emploi de gérante (?) (pourquoi pas un gérant ?) pour tenir le bureau de poste ? Alors que le village aurait pu garder un demi-poste de postier, si mes souvenirs sont bons ?

Moi, je suis pour le service public ! Pour y entrer, il fallait un diplôme ! Et je trouve dommageable qu'aujourd'hui, on recrute sur petite affichette !

 

Publié dans Pas trop le moral...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
<br /> <br /> je suis bien d' accord avec toi, sur les postiers:j' en suis une ancienne de postière!!!! et oui, il nous fallait un diplôme,puis 3 mois d' école et enfin on était admis dans cette administration<br /> après avoir prêté serment,et oui nous étions assermentés  de plus tenu au secret car on savait les salaires des gens ,leur dépôt sur les livret etc... maintenant c'est le commerçant du coin<br /> qui fait souvent office de point poste,alors où est le secret des opérations??<br /> <br /> <br /> oui,les petits villages, et même les petites villes se meurent c'est évident puisque le libéralisme économique a pour but d'avaler les petits,mais,bien souvent les intéressés eux même ne s'en<br /> rendent pas compte sinon ils voteraient moins a droite!<br /> <br /> <br /> as tu commencé ton jardin?<br /> <br /> <br /> au fait:02468,c'est tout bête, en ouvrant mon blog sur orange, il fallait un pseudo,et,tous ceux que je tapais étaient refusés,alors en ayant par dessus la tête,de rage j'ai mis les nombres<br /> pairs,et en y regardant de plus près, j'ai vu:02(comme a la sécu pour les filles)puis 46,mon année de naissance,et puis,en réutilisant le 6,on avait enfin 68 année de toutes les<br /> libertés,alors,j'ai validé,voilà l'histoire de 02468<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre