L'ananas...
Nicolas était un beau et gentil petit garçon. Bien potelé, les yeux bleus, les cheveux bruns, et joyeux comme un pinson. Mais... Il n'était pas toujours très obéissant.
Sa maman lui avait dit : « Le père Noël, il voit tout et si tu désobéis de trop, au lieu de t'apporter ce que tu as demandé dans ta lettre, il est bien capable de n'apporter qu'un... ananas ! »
Il avait demandé et s'était appliqué à l'écrire : une voiture à pédales, un camion grue, des petits sujets pour sa ferme et un tas d'autres jouets. Il attendait le moment de la distribution avec beaucoup d'impatience. Toutefois, il n'était pas trop rassuré...
Nicolas avait ri de bon cœur, avait dit que ce n’était pas vrai, et n'avait évidemment pas tenu compte de ces prévisions...
*
Cette année-là, le père Noël doit descendre chez la grand-mère Yeyette et pépère Dédé, à Saint-Denis. Dans la famille, nous tournons chaque année, une fois chez l'un, une fois chez l'autre, une fois chez les grands-parents.
La famille est au grand complet installée autour du sapin. Des paquets jonchent le sol. Le père Noël est déjà passé... Et Mémère Yeyette commence la distribution : pour Seb, pour Réré, pour Annie, pour... Toute la famille y passe... Et Nicolas se tortille sur sa chaise, en attendant impatiemment son tour.
Tout à coup, un coup de sonnette à la porte… « Bonjour, c’est le père Noël, j’ai oublié de déposer le cadeau de Nicolas »… Mémère le fait entrer. Nicolas confus, reçoit des mains d’un père Noël, dodu, affublé d’une belle barbe fleurie, un gros paquet tout rond, de forme un peu bizarre dans un vieux papier journal, attaché d’une ficelle... Nicolas, étonné de la présentation, n'ose pas le prendre. « Allez, ouvre ! »
Alors, délicatement, en tremblant, de sa petite main d'enfant, il déchire le papier et découvre : un énorme ananas !
L'enfant, surpris, se met à pleurer à gros sanglots. Dans ses yeux, nous lisons tout le désespoir du monde ! Une sorte d’étonnement… Comment le père Noël peut-il lui faire une chose pareille ?
Mais comment des adultes pouvaient-ils imaginer provoquer un désarroi aussi profond ? Comment rattraper cette plaisanterie absurde ? Et puis, a-t-il compris la leçon ? N’est-il pas un peu petit ?
Et l'adorable mémère se met à pleurer aussi, regrettant d’avoir fait du mal à son petit-fils. Elle prend l'enfant dans ses bras et lui explique que c’était pour rire et lui donne ses paquets. Mais toute la soirée l'enfant sera troublé, triste et hésitant.
Le dépit et la souffrance que j'ai lus dans ses yeux purs d'enfant m’ont fait tellement mal, que je me suis promis de ne plus jamais me prêter à ce genre de plaisanterie !
Annie, thème le jouet, Club des écrivains.