L'oiseau
La patte semble brisée, l'aile brune striée de rémiges caudales, dépliée en éventail, un œil fermé, l'oiseau blessé, lové dans le creux de sa main chaude, Yeyette l'observe de ses yeux couleur de violette et suppute les chances de le sauver.
« Vois » dit-elle, « cette pauvre bestiole abîmée par ce rosse de chat, il ne va pas s'en sortir si je le laisse à terre ou bien, il se fera prendre par une buse pattue ! Puis, elle ajoute, joyeuse : « Oh : c'est un zizi bruant, il a le croupion vert-olive ! »
Alors, de cette main douce qui caressait notre visage étant enfant, elle fabrique une béquille qu'elle serre doucement pour ne pas le blesser plus encore... L'aile duveteuse à réparer est doucement repliée sur le flanc et, l'oiseau fermement tenu, elle lui sert un peu d'eau au bout d'une allumette enrubannée de coton pour faire éponge, en lui susurrant des « di-di-i-di » considérant qu'il comprendra son langage !
Il boit en tétant le coton, il a le cœur qui bat, mais son œil noir et tout rond, s'ouvre grand et regarde celle qui veut le maintenir en vie.
Alors, elle le pose délicatement dans une vieille cage chinoise dénichée dans le chai. Il reste un instant hésitant, abasourdi par les coups du chat et la douleur des soins, mais peut être aussi, est-il troublé de la sollicitude de Yeyette, l'amie des oiseaux et des chats...
Le lendemain, il est debout, et volette, et se cogne contre les barreaux de la cage. Yeyette ouvre lentement la porte pour lui rendre sa liberté. Le zizi prend son envol sans demander son reste en criant son « di-di-idi » comme pour remercier et disparaît dans le ciel.
L'oiseau est parti. Elle scrute un instant l'horizon en cachant ses yeux du soleil levant... Elle sait qu'elle ne le reverra plus. La cage est restée sur le bord de la fenêtre.
Le soir, l'oiseau était dans la cage...
Annie, le 26 septembre 2011, pour le Club des écrivains