Ma petite soeur...

Publié le par Mamanie



Régine

"Est-il né le divin enfant, poil au bec de gaz, mon c.. sur la commode...?".C'est le père L..., de la Giroudière, anarcho notoire, mal vu des dames catéchistes qui monte le bourg à bicyclette, en danseuse, en fredonnant une chanson coquine, choquant les bigotes qui le croisent.
Nous sommes en 1951. Maman attend un bébé. Nous attendons tous avec elle. Elle, à Paris, nous ici à la campagne. Je suis en pension chez ma tante Guite pour la circonstance. C'était pour fin juillet. Nous sommes le 5 août et toujours rien.
Cette attente m'angoisse. J'ai écouté une conversation de la mère Ribot avec Tata... "Qu'est-ce qu'elle doit souffrir par cette chaleur ?" disaient-elles. Ah bon, parce qu'en plus on souffre ? Cela m'angoisse. Qu'est-ce que je vais devenir si ma maman meurt ?
Le lendemain matin, tante Guite reçoit enfin un télégramme : c'est une fille ! Elle s'appelle Régine et pèse 4,5 kg !
Le père L... comme de coutume depuis plusieurs jours, arrive vers nous en chantant sa petite rengaine "est-il né...", " Oui, oui, c'est une petite fille et...". Le quartier est en effervescence. Yeyette a accouché.
Un mois plus tard, mes parents descendent du petit train départemental, embarrassés par leurs valises et un petit paquet tout rose d'où sortent des vagissements. Tout le monde se précipite, tata, mon cousin, tonton. Je reste derrière, intimidée. Maman m'appelle et me dit "Eh bien, tu ne viens pas voir ta petite sœur ?" Je m'approche... et je découvre... une petite merveille !
Une petite fille, toute ronde, la bouche en cœur, le nez retroussé, le teint éclatant, affublée de grands yeux bleus porcelaine qui lui mangent tout le visage, ombrés de cils bruns et recourbés. J'en reste baba !
Tout le monde dit qu'elle est belle et me ressemble. Le fait de la trouver belle me réconcilie avec la vie. Si elle est belle, je le suis aussi, puisque tout le monde le dit... Et puis, maman est là, bien vivante et souriante, amaigrie mais heureuse d'arriver à la campagne. Ce bébé va bouleverser ma vie de fille unique.
Cette année-là, mes parents ont loué la maison du père Dion, à la Boisardière. Je vais retrouver ma copine Claudette, car ses parents ont acheté un petite maison. Cela va être de chouettes  vacances ! On va pouvoir jouer à la vraie poupée !
...

Publié dans Mon herbier

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P
Ce train par lequel sont arrivées ta maman et Régine je le prenais à Bellou-sur-Huisne pour aller à Mortagne, avec arrêt à Mauves-Corbon...
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A
Hello  Qu'est ce que tu écris bien Annie. Je me suis posée la question de savoir si c'était des extraits d'un livre ou ta propre expérience : très romantique la première rencontre...J'abandonne ce soir mon havre de bonheur Lunel où j'ai fait la nounou de Macéo et j'ai été témoin de ses premiers pas SEUL. Que du bonheur! Bises à+
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J
Je viens de lire tes deux histoire, un pur régal, j'adore !Je suis à la bourre ce soir, mais je n'aurai pas loupé tes épisodes. Grosses bises à toi
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